Après ses études, qu'il fit à Clairvaux, sous la direction de saint Bernard, Félix dut aller à la cour du roi de France, prit part à la Croisade prêchée par le saint moine de Clairvaux, son maître; puis, revenu à la cour, il la quitta bientôt pour se réfugier au désert. Dans la solitude, il sentit son esprit s'illuminer de clartés nouvelles et son âme redoubler de vaillance dans la pratique des vertus évangéliques. Le démon lui déclara une guerre acharnée; mais le Saint triompha de lui par la prière et les plus effrayantes mortifications.
Félix, ayant désormais pour palais une misérable grotte, pour vêtement un cilice, pour mets des herbes amères, renouvela dans sa retraite les merveilles des Antoine et des Hilarion. Par la permission de Dieu, tous les dimanches, un corbeau lui apportait un pain du Ciel. Il habitait le désert depuis bientôt quarante ans, quand saint Jean de Matha, de la part de Dieu, vint le trouver dans sa solitude, pour s'édifier par ses exemples. C'est alors que les deux Saints eurent la vision d'un cerf blanc, portant au front une croix bleue et rouge, et qui venait se désaltérer à la fontaine voisine. Dieu leur révéla l'explication de ce prodige; ils se disposèrent aussitôt à partir pour Rome, afin d'obtenir la fondation d'un institut dont les religieux, vêtus de blanc, porteraient sur la poitrine une Croix bleue et rouge, et travailleraient au rachat des captifs, que les Turcs d'Afrique retenaient par milliers dans les fers. Le Pape Innocent III approuva le projet, l'Ordre fut fondé et produisit un bien immense. ⛪
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