Cette désobéissance, n'était pas, pour ces braves soldats, vainqueurs sur vingt champs de bataille, un acte de félonie, mais un acte d'héroïque loyauté. Aussitôt le prince barbare donna l'ordre de décimer la légion. A voir ce bataillon de six mille hommes rangés en ordre de combat, ayant à sa tête Maurice, à cheval, avec ses brillants officiers, Exupère, Maurice et Candide, il semble qu'on eût pu craindre une résistance par la force; mais non, les disciples de Jésus-Christ ne cherchaient et n'attendaient qu'une victoire pacifique, la victoire sur le monde, et la conquête du Ciel par le martyre. Les noms des soldats sont jetés dans les casques des centurions; six cents sur six mille vont périr; les victimes désignées embrassent leurs camarades, qui les encouragent et qui envient leur sort; bientôt le sacrifice est consommé, et la plaine ruisselle du sang des martyrs.
Les survivants persistent à se déclarer chrétiens, et la boucherie recommence; six cents nouveaux élus rougissent de leur sang les rives du Rhône. Les autres sauront mourir jusqu'au dernier; mais ils envoient au tyran un message avec une lettre admirable: "Empereur, nous sommes vos soldats; nous sommes prêts à combattre les ennemis de l'empire; mais nous sommes aussi chrétiens, et nous devons fidélité au vrai Dieu. Nous ne sommes pas des révoltés, nous aimons mieux être des victimes que des bourreaux: mieux vaut pour nous mourir innocents que de vivre coupables." Maximien, désespérant d'ébranler leur constance, les fit massacrer tous en masse.✩
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