Mariam a seulement 4 ans lorsqu’elle perd ses parents. Elle est recueillie par un oncle paternel qui l’emmène en Égypte près d’Alexandrie. À l’âge de 13 ans, sa famille organise son mariage mais elle refuse. Son oncle est furieux et commence à persécuter Mariam en lui infligeant divers mauvais traitements. La jeune fille s’enfuit pour échapper à la colère de son oncle et trouve refuge chez un ancien domestique, de religion musulmane, à qui elle raconte tous ses malheurs. Ce domestique lui propose de se convertir à l’islam, mais Mariam refuse en proclamant sa foi en Jésus Christ. L’homme sort alors son couteau, un cimeterre, et l’égorge. Mariam gardera toute sa vie la cicatrice de cette horrible blessure ainsi qu’une voix brisée. La croyant morte, l’homme abandonne Mariam dans une rue déserte. C’est le soir du 8 septembre 1859. Mais ici commence l’incroyable miracle.
Mariam fait une expérience qu’on pourrait qualifier de mort imminente. Elle est plongée dans une immense béatitude et elle entend une voix qui lui dit que son temps sur terre n’est pas achevé. Elle se réveille quelque temps plus tard dans une grotte. Une religieuse aux habits bleus s’affaire à côté d’elle. Elle reconnaîtra plus tard la Vierge Marie. Cette dernière a recousu la blessure et assure les soins de la convalescence pendant 4 semaines. C’est une chirurgienne céleste. Marie quitte Mariam quand elle est guérie, pendant qu’elle se confesse dans une église d’Alexandrie.
À partir de ce moment, Mariam voyage de ville en ville en se mettant au service de familles pauvres. Elle passe d’Alexandrie à Jérusalem, puis Jaffa, Beyrouth. Sa vie s’accompagne de guérisons miraculeuses pour les familles où elle séjourne. Quand elle constate que l’admiration à son égard est trop grande, elle s’enfuit pour préserver son humilité. Finalement, à 19 ans, elle sert une famille française qui l’emmène à Marseille en 1865. Dans cette ville, elle découvre avec émerveillement les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition. Elle y est acceptée comme postulante, malgré le fait qu’elle soit illettrée et que son français soit très approximatif. Commence alors une série de phénomènes mystiques comme des extases, les stigmates de la passion qu’elle revit chaque semaine et qu’elle interprète par naïveté comme une maladie, toutes sortes de choses qui mettent les sœurs de saint Joseph mal à l’aise. Cela explique qu’au bout de deux ans de noviciat, Mariam ne soit pas acceptée dans la congrégation malgré son dévouement dans tous les humbles services qui lui ont été confiés.
Permettez-moi ici un petit commentaire. Certains d’entre vous ont peut-être une pointe d’envie quand ils entendent parler des mystiques et des grâces qu’ils reçoivent. En fait, l’exemple de Mariam montre que, le plus souvent, ces grâces sont incomprises et suscitent la méfiance… et qu’en conséquence, elles sont beaucoup plus lourdes à porter qu’on ne le croit.
À sa sortie des sœurs de saint Joseph, Mariam entre au Carmel de Pau comme sœur converse et prend pour nom sœur Marie de Jésus Crucifié. Elle se considère comme « le petit rien » du Seigneur. Les grâces mystiques continuent. Le 24 mai 1868, elle reçoit la grâce de la transverbération du cœur, c’est-à-dire que son cœur est transpercé comme l’ont été les cœurs de Thérèse d’Avila ou de Padre Pio. « Je suis en Dieu et Dieu est en moi », dit-elle à propos de cette grâce. Après sa mort, les médecins constateront en effet que son cœur porte la marque d’une blessure, comme s’il avait été traversé par une pointe de fer. Elle vit aussi des épisodes mystérieux de possession démoniaque où elle résiste héroïquement au démon.
Trois ans après son entrée au Carmel, ses supérieures l’envoient à Mangalore avec un groupe de sœurs pour fonder le premier carmel d’Inde. Le voyage est difficile. Trois sœurs meurent en route. Sur place, Mariam se donne sans compter. Elle ne rechigne jamais à la tâche. En même temps, les extases et les phénomènes étranges continuent. En 1871, elle finit son noviciat et prononce ses vœux. Mais le doute subsiste chez beaucoup de ses sœurs quant aux phénomènes mystiques dont elle est l’objet. Pour cette raison, elle est renvoyée à Pau en 1872.
C’est dans cette période à Pau que se déroule un événement qui a marqué les imaginations. En 1873, la supérieure du carmel découvre sœur Marie de Jésus Crucifié en lévitation, assise sur la plus haute branche d’un tilleul évidemment incapable de porter son poids et chantant d’une voix mélodieuse, alors que – je vous le rappelle – ses cordes vocales ont été sectionnées. Il faut que la supérieure fasse appel à la sainte obéissance pour faire descendre notre sœur.
En 1875, elle repart avec quelques consœurs carmélites pour la Terre sainte. Cette fois, il s’agit de fonder un carmel à Bethléem. Mariam retourne en Palestine, son pays natal. Elle est la seule du groupe à parler arabe. Elle est engagée à fond dans les travaux de construction car elle sert de liaison avec les ouvriers arabes. Mais elle est aussi au service sa communauté malgré ses nombreuses extases, comme en témoigne mère Anne-Françoise, prieure du Carmel de Bethléem : « À la fin de sa vie, elle vivait les deux à la fois ; elle faisait la cuisine en extase. »
Comme on envisage aussi la fondation d’un carmel à Nazareth, Mariam fait le voyage. C’est au cours de ce déplacement qu’elle reçoit la révélation du lieu d’Emmaüs où Jésus ressuscité s’est dévoilé aux deux disciples qui fuyaient Jérusalem.
Revenue à Bethléem, sœur Marie de Jésus Crucifié continue son travail d’accompagnement du chantier. Un jour en apportant de l’eau aux ouvriers, elle fait une chute et se casse le bras. Elle annonce à sa supérieure qu’elle ne guérira pas. « Le désir de toute ma vie va s’accomplir, dit-elle. Je vais voir Jésus ! » Sa prédiction se vérifie. La gangrène s’installe dans la plaie et Mariam meurt le 26 août 1878. Elle a 32 ans.
Elle est canonisée par le pape François le 17 mai 2015.
Lors de sa béatification, saint Jean-Paul II s’est adressé aux chrétiens d’Orient dont sainte Mariam de Bethléem est une membre éminente : « C’est là votre honneur. Et je vous encourage à garder et à manifester votre attachement indestructible à cette terre qui est vôtre, où vous avez vos racines, comme Mariam Baouardy. Que la bienheureuse Marie de Jésus Crucifié vous accompagne sur ce chemin difficile ! »
Avec sainte Mariam, prions pour les chrétiens d’Orient et en particulier pour ceux de Palestine dont le nombre diminue sans cesse. ღ
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